1/ La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) :   Rôle de l’expert-comptable Le Maroc a connu une avancée en matière de reporting extra-financier ces dernières années. Les données non financières sont désormais un facteur matériel pour donner du sens aux informations financières. La circulaire de l’AMMC n : 03/19 atteste de la volonté du Maroc de se hisser aux standards internationaux. Les entreprises marocaines faisant appel public à l’épargne sont désormais appelées à rendre compte de leurs enjeux ESG suivant un cadre de reporting défini par la circulaire de l’AMMC. Le reporting ESG de l’AMMC va permettre aux entreprises cotées de communiquer selon un référentiel établi sur leurs réalisations RSE et démontrer la contribution des actions RSE à la performance économique et financière. Ce nouveau dispositif spécifique de communication extra-financière constitue un énorme progrès pour tout l’écosystème (marché financier, parties prenantes, société civile). Il va inévitablement renforcer la gouvernance des sociétés cotées et contribuer à créer la confiance auprès des parties prenantes notamment, les investisseurs.

2/ La RSE, quels enjeux pour les entreprises

La RSE est un enjeu stratégique pour répondre aux préoccupations de l’entreprise. Parmi les nombreux avantages que peut tirer une entreprise en intégrant une stratégie RSE dans son modèle économique, nous pouvons citer : La satisfaction des attentes des clients : répondre aux attentes des clients est un enjeu majeur pour une entreprise engagée en matière de RSE. En effet, les entreprises qui mettent en avant des pratiques RSE et qui sont transparentes sur les impacts RSE de leurs produits et services peuvent maintenir une forte relation avec leurs clients actuels et prospecter de nouveaux clients. L’optimisation des coûts : la RSE encourage les entreprises à revoir leur politique de fonctionnement, à rechercher des alternatives, à réorganiser leurs méthodes de travail. Les entreprises engagées en matière RSE verront leurs charges en baisse en recherchant des solutions alternatives sans impact sur leurs activités. L’image de marque : une entreprise peut améliorer son image de marque en adoptant une démarche RSE envers ses parties prenantes. Les entreprises labellisées RSE sont de plus en plus recherchées par les investisseurs en raison de leurs engagements dans des pratiques durables. De plus, les investisseurs prêtent attention aux critères ESG et cherchent les entreprises à mission durable, car ils sont conscients que ces dernières sont souvent gage d’une bonne gestion de leurs activités. La maîtrise des risques ESG : en adoptant une démarche RSE, les entreprises doivent être capables de gérer les risques environnementaux et sociaux engendrés par leurs activités. Les risques ESG que courent les entreprises et leurs partenaires d’affaires (fournisseurs, sous-traitants et clients) sont parfois plus graves que le moindre incident et peuvent engendrer une remise en cause de leurs activités. La motivation des collaborateurs : l’engagement RSE favorise la motivation et donne envie aux collaborateurs de contribuer à la création de valeur durable. Si les collaborateurs sont associés et informés de la démarche RSE, ils seront forcément plus motivés, plus engagés, et fédérés autour d’une stratégie commune et davantage attachés à l’entreprise.

3/ Des PME, TPE de plus en plus concernées

Au-delà de l’accroissement des exigences légales et réglementaires, la RSE s’installe progressivement dans le monde des affaires en devenant un levier de performance durable pour les entreprises, notamment les PME/TPE. La plupart d’entre elles se sentent concernées par les sujets RSE et tentent de les intégrer dans leur modèle économique pour répondre aux demandes croissantes de leurs parties prenantes (donneurs d’ordre, investisseurs…). La prise en compte de la RSE par ce profil d’entreprise est donc devenue un facteur de pérennité et de compétitivité. Exigences des donneurs d’ordre : pour se prémunir contre les risques liés aux mauvaises pratiques RSE de leurs fournisseurs, les acteurs publics et les grandes entreprises systématisent des critères ESG dans leurs achats ou contrats de sous-traitance assortis de demandes de justificatifs (code de conduite, politique de développement durables, mise en place d’indicateurs indicateurs extra-financiers…). Par conséquent, les PME non engagées verront leur chiffre d’affaires diminuer. Exigences des fonds d’investissement en capital : les gestionnaires d’actifs considèrent les critères ESG en tant que levier de performance et de croissance pérenne. Ils manifestent un intérêt grandissant pour ces critères dans leurs choix d’investissement. L’intégration de ces derniers par les PME/TPE est devenue incontournable pour accéder à des solutions de financement. Ainsi, les investisseurs sont désormais invités à respecter les principes pour l’investissement responsable (PRI) qui recommandent l’intégration des critères ESG dans les décisions d’investissement.

4 / Une offre d’accompagnement plus large

Pour tirer profit des enjeux ESG, les entreprises marocaines ont besoin des conseillers capables de faire le lien entre le financier et le non financier, d’aider les dirigeants à prendre des décisions durables et pérennes. Par son expertise et sa compétence en matière de l’information financière, l’expert-comptable est capable de collecter, organiser, synthétiser et sécuriser l’essentiel des données non financières utiles dans un projet RSE. Son approche professionnelle, ses règles déontologiques d’indépendance et sa bonne compréhension du business constituent des atouts majeurs pour mesurer et produire des données non financières de qualité et accompagner les dirigeants à piloter leurs projets RSE. Globalement, notre offre de service est large et fonction des besoins de nos clients. Nous pouvons citer principalement :
  • Diagnostic RSE : évaluation d’une démarche RSE selon un référentiel défini
  • Dialogue avec les PP : conception  d’une stratégie de dialogue avec les parties prenantes
  • Stratégie RSE : mise en œuvre d’une stratégie RSE et intégration de celle-ci dans la stratégie de  l’entreprise
  • Communication RSE : mise en place d’un reporting RSE/intégré centré sur la création de valeur et accroissement de la confiance des investisseurs et autres parties prenantes
  • Elaboration d’une politique ISR
  • Climat : identification et évaluation des risques et opportunités liés au changement climatique
  • Finance durable : accompagnement de l’entreprise dans ses options de financement et mise en place d’un processus de financement responsable
  • Monétisation des impacts : quantification des impacts extra-financiers et mesure de la valeur réelle de l’entreprise
  • Analyse de matérialité : accompagnement à l’identification des enjeux RSE pertinents pour l’entreprise et ses parties prenantes
  • Formation et sensibilisation aux sujets RSE
  • Cartographie et gestion des risques ESG
  • Réalisation de due diligences ESG
  • Devoir de vigilance : évaluation et gestion des risques extra-financiers liés à la chaîne de valeur
  • Pré-audit pour la préparation à une vérification externe
  • Vérification des rapports RSE

5 / Perspectives d’évolution de l’information extra-financière

Deux évolutions majeures à observer d’ici 2023. La première concerne la nouvelle directive européenne sur l’information extra-financière dite « CRSD » dont l’objectif est de fournir aux parties prenantes les informations dont ils auront besoin pour évaluer les impacts des entreprises sur la société et sur l’environnement. L’une des nouveautés majeures dans cette directive est le principe de double matérialité qui signifie que les entreprises doivent  non seulement communiquer l’impact des enjeux de durabilité sur l’entreprise « impacts inward», mais aussi l’impact de l’entreprise sur la société et sur l’environnement « impacts outward».​ La deuxième évolution concerne la formation par l’IFRS foundation en partenariat avec le CDSP et le VRF d’un nouvel International Sustainability Standards Board (ISSB) pour développer des normes comptables extra-financières pour répondre aux demandes croissantes des investisseurs. Inspiré du TCFD, les normes extra-financières de l’IFRS Foundation exigeront aux entreprises la communication ESG selon quatre principes fondamentaux : la gouvernance, la stratégie, le Risk Management et les Métriques (KPI, actuel/cible). Nous assisterons à une big bang non financier qui impliquera un changement fondamental des modèles économiques pour s’adapter aux exigences de l’information extra-financière. A titre d’exemple, l’accès aux investissements dans les années à venir sera conditionné par la satisfaction de certains indicateurs extra-financiers notamment dans les secteurs à forte émission de CO².